Eugène VIOLLET le DUC

Dictionnaire raisonné du mobilier.

1858 - 1875



COR, s. m. Instrument à vent plus petit que la busine et plus grand que l'olifant. Le cor se distingue de la busine, de la corne, du cornet, de l'olifant, de la trompe et de la trompette. Cependant les poètes le confondent parfois avec l'olifant, qu'ils appellent un cor d'ivoire.

Mais ce qui distinguait particulièrement le cor de l'olifant, c'est que le premier était très recourbé, de façon à ramener le pavillon par-dessus l'épaule. Voici un passage de Joinville qui le prouve :

« Avec le prince (d'Antioche) viendront quatre menestriers de la grande Hyerménie, et estoient frères ; et en aloient en Jérusalem en pelerinage, et avoient trois corz dont les voiz (les pavillons) des corz leur venoient parmi le visage. Quand il encommençoient à corner, vous deissiez ce que sont les voiz des cynes qui se partent de l'estanc ; et festoient les plus douces mélodies et les gracieuses, que c'estoit merveilles de l'oyr1 »

On disait cors grelloiier pour cors sonner.

Les cors très recourbés, étaient faits de laiton.

Dans les châteaux, on annonçait les repas au son du cor : c'est ce qu'on appelait corner l'eau, c'est-à-dire prévenir les convives qu'ils eussent à se laver avant de se mettre à table. Les guetteurs n'avaient pas de cors, mais des cornes ou des olifants






Note :


(1) Hist. de saint Louis, édit. de M. F. Michel et Didot, p. 160.