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Une Filiere pour les registres. C'est une machine propre à faire des regles de bois très-exactes dans leur épaisseur ; ce qui est essentiel pour les registres des sommiers. La fig. 74. (Pl. IX.) la représente en perspective toute montée. Elle consiste en un grand rabot, monté dans une boîte, lequel étant mobile sur son centre de mouvement, peut monter ou descendre, au moyen d'une vis.A B D C, est le rabot ; D, le haut ou le dessus de sa lumiere ; F, le fer du rabot ; E, le coin qui fixe le fer. Le coin & le fer ont un rebord, pour les retirer dans le besoin. Y, est un des pivots du rabot & son centre de mouvement. N G I, est une planche qui forme un côté de la boîte. O H K, l'autre côté de la boîte. L M, est une autre planche qui fait le fond de la boîte. R Q, est une traverse qui lie les deux côtés de la boîte. L M, sont deux languettes avec leurs rainures qui assemblent le fond de la boîte avec les deux planches des côtés ; où il est à remarquer que les planches des côtés ont les languettes rapportées, & les rainures sont faites sur les deux champs de la planche du fond. S T, sont deux fortes vis de fer, à tête noyée, qui entrent dans les écrous de fer enchâssés dans la planche [p. 31.] du fond, & qui servent non-seulement à affermir les deux côtés de la boîte contre le fond, mais encore à soulager les languettes dont nous venons de parler, qui risqueroient de casser sans cela. On met également deux autres vis de l'autre côté de la boîte. O, N, sont deux tringles de bois qu'on peut changer quand on veut, dont la largeur détermine l'épaisseur des registres ; en sorte que lorsqu'on veut les faire plus épais, on met des tringles plus larges. C'est sur ces tringles que repose le rabot par ses deux feuillures. P, est une grosse vis de fer à filets fins qui traverse son écrou Z enchâssé dans le bout du rabot. R, est une clavette fourchue, qui embrasse un collet creusé à l'entour de la tige de la vis, pour empêcher la vis de monter ou descendre. Cette clavette est enchâssée dans la traverse Q R. On voit que lorsqu'on tourne la vis d'un côté ou de l'autre, il faut nécessairement que le rabot monte ou descende de ce bout. Il y a à cet effet un espace suffisant entre la traverse Q R & le rabot ; celui-ci est échancré en cet endroit pour former une place à la traverse Q R. On fait entrer les registres par la grande ouverture N O qu'on remarque au-dessous du rabot ; ce que nous expliquerons quand nous aurons fait le détail de toute la machine. V X, sont deux fortes tringles de fer entaillées au dessous de la boîte & bien arrêtées par deux vis à chacune. Elles servent à affermir la machine sur un établi lorsqu'on veut en faire usage.
La figure 75 représente géométralement la même machine vue par le côté. Toutes les pieces intérieures paroissent comme si le tout étoit transparent. F 4, est le fer du rabot ; E 2, le coin ; D 3, la lumiere du rabot ; 4, le tranchant du fer ; 5, est un coussinet recouvert d'une lame de fer & bien fixé sur le fond de la boîte ; O N, est le passage pour le registre qu'on veut travailler. L'endroit le plus élevé du coussinet doit se trouver exactement vis-à-vis & sous le tranchant du fer F. 20 & 21 est la largeur de la feuillure du rabot. Y, est le pivot qui sert de centre de mouvement au rabot. Il y a un autre pivot de l'autre côté. P, la vis pour hausser ou baisser le rabot. Q, la traverse dans laquelle la vis est engagée par son collet, au moyen de la clavette fourchue R. Z, est l'écrou de la vis P. X, V, sont les tringles de fer pour arrêter la machine sur un établi.
La figure 76 (Pl. X.) représente géométralement toute la filière montée, & coupée par le milieu selon sa longueur. F 4, fer du rabot, & 4 son tranchant. E 2, le coin ; D 4, la lumiere. 5, le coussinet de bois, recouvert d'une lame de fer ; & le tout bien affermi contre le fond de la boîte, au moyen de plusieurs clous à tête noyée & limée ras. P, la vis. Q, la traverse. R, la clavette fourchue qui embrasse le collet de la vis. Z, l'écrou enchâssé dans le bout du rabot. 12, 13, lame de fer dont toute la surface du dessous du rabot est doublée. Y, est la tige du pivot, laquelle étant plate & quarrée dans sa longueur, paroît de cette forme, puisqu'elle est coupée [p. 32.] en travers par le milieu. V, X, sont les tringles de fer entaillées & arrêtées au dessous de la boîte.
La figure 77 représente en perspective le rabot tout nud & hors de sa boîte. B D C est le dessus du rabot ; D, sa lumiere. 17 P, est une entaille que la traverse de la boîte remplit. P, est le trou où entre la vis. A Z, est la mortaise propre à recevoir bien juste l'écrou. 15, 16, sont les deux feuillures du rabot. Y, est un des deux pivots. On apperçoit au-dessous du rabot la semelle de fer.
La figure 78 représente en perspective la boîte de la filière toute montée & sans le rabot. L O H K, est un côté de la boîte. M N G l, est l'autre côté. R P Q, est la traverse dont on voit le bout du tenon 18. P, le trou pour recevoir la vis. R, mortaise dans laquelle se met la clavette fourchue. O N, les deux tringles de bois sur lesquelles repose le rabot par ses deux feuillures. L, M, les deux languettes rapportées sur les côtés. 23, le fond de la boîte. V, X, les entailles pour recevoir les deux grosses tringles de fer. S. T, les deux vis de fer pour affermir les deux côtés de la boîte contre le fond : la fig. 79 les représente en perspective. S, est la vis, & 14 est son écrou qu'on enchâsse dans la planche du fond. Il faut quatre vis de même avec son écrou à chacune.
La figure 80 (Pl. XI.) représente géométralement le bout antérieur de la filiere. P, est la vis, R, la mortaise faite dans la traverse pour recevoir la clavette fourchue. On y apperçoit le collet de la vis. Z, autre mortaise faite dans le bout du rabot 30, 27, pour recevoir l'écrou de cuivre. O, N, les bouts des deux tringles de bois sur lesquelles repose le rabot. L, M, les deux languettes qui tiennent aux côtés. 27, 28, est l'espace par où l'on passe les registres pour les travailler. 29 & 30, est un vuide entre la traverse & le rabot, pour pouvoir hausser le bout antérieur du rabot quand il le faut.
La figure 81 représente en perspective la planche du fond de la boîte. M, L, 31, sont les rainures. Elles sont remplies en un petit endroit au milieu, 24, de chaque côté, pour servir de repère aux planches des côtés. S, T, les trous des vis qui affermissent les côtés contre le fond. 5, le coussinet de bois dur, recouvert d'une lame de fer dressée, limée avec grand soin & bien adoucie.
La figure 82 représente en perspective un des côtés de la boîte vu en dedans. M, L, est la languette qui est coupée en S & T, à cause des trous des vis, & a 25, pour recevoir le repere 24 (fig. 81). N, O, (fig. 82), une des tringles de bois, sur lesquelles repose le rabot. Q, la mortaise pour recevoir le tenon de la traverse. 6, 7, une piece de fer qu'on voit séparément (fig. 83) : elle porte au bout, 7, une plus grande épaisseur, pour fortifier le gros trou, qui reçoit le pivot du rabot. Cette piece est [p. 33.] enchâssée bien juste dans le bois, (fig. 82), & y est arrêtée par quatre clous à tête perdue. On peut, si l'on veut, faire la tringle N O fort courte, & n'en mettre qu'un pouce & demi [41 mm.] ou deux pouces [54 mm.] sur la partie antérieure de la filière ; parce que les pivots ou tourillons du rabot étant justes dans leurs trous & assez gros, résisteront de ce côté-là à tous les efforts du rabot.
Les figures suivantes représentent les pieces séparées de la machine. La figure 84 est la clavette fourchue R. La figure 85, l'écrou Z. La figure 86, la vis P, avec sa clavette fourchue R, qui en embrasse le collet ; on y voit aussi son écrou Z. La figure 87 représente géométralement la même vis P, où l'on remarque son collet 33. La figure 89 est le pivot Y du rabot dont la tige est quarrée. On l'enchâsse dans le bout du dessous du rabot, & on l'arrête fortement au moyen de deux longues vis de fer, dont on en voit une (fig. 88) : on passe ces vis par les trous que l'on voit vers les deux extrémités de la tige du pivot : on les fait entrer verticalement à travers toute la hauteur du rabot, & on les arrête par-dessus par les écrous 8. La tête, 9, de ces vis doit être noyée au-dessous de la tige du pivot. On ne sçauroit trop prendre de précautions pour arrêter bien solidement ce pivot, qui doit résister à des efforts considérables. La figure 90 représente séparément en perspective le coussinet, 5, qui doit être très-bien dressé en travers & recouvert, comme nous l'avons déjà dit, d'une lame de fer. La figure 91, est la traverse Q. On y voit le trou P de la vis & la mortaise Z pour recevoir la clavette fourchue ; les deux tenons 11 & 10, entrent dans les mortaises quarrées des côtés.