Sistème que j'ai inventé, qui me paroit un mouvement perpetuel, qui ne peut être construit & imaginé que par un Facteur d'Orgues, par raport à la justesse des soufflets, & aux soupapes & contre soupapes, si quelques Sçavants le trouve bon, il me fera le plaisir de m'écrire, je le mettrai à execution, quoiqu'il y a beaucoup d'habiles gens qui ont travaillé à plusieurs, sans aucun fruit ; je me réserve le secret ou arrangement des soupapes, & la maniere de faire tourner la rouë : je ne parlerai ici qu'en gros de ce Sistême.


     Premierement, je fais un moyeu de la grosseur de celui d'une rouë de carosse, aussi gros des deux bouts que du milieu, j'y mets seize rayons de planches de la largeur de dix pouces, & deux pieds quatre pouces d'hauteur ; tous ces rayons seront approchez de deux en deux, distance d'un pouce entre les deux, c'est pour respirer & tirer l'air par les soupapes ; il y aura auprès chaque rayon deux soufflets d'Orgues dont le rayon servira de dessous au soufflet ou sera la soupape, les soufflets seront longs de deux pieds, & s'ouvriront de six pouces ; en sorte qu'il y aura un poids de plomb aht tacé après la couverte du soufflet d'environ quatre livres ; la moitié desdits soufflets sera à droite, & l'autre moitié à gauche, tout le vent desdits soufflets se portera dans le moyeu, qui est le centre ; ce moyeu aura des pointes aux deux bouts ou tourillon ou autrement, qui poseront sur deux pieds ou montant d'assemblage ; en sorte que la rouë se trouvera en équilibre, étant chargée également, il y aura deux cercles au tour de la rouë, posez sur les deux coins des rayons, où il y aura huit pouces de distance l'un de l'autre, des petits bâtons de cinq pouces de long, à chaque deux bâtons une feüille de parchemin attachée en travers ; en sorte que cela aura apparence d'une grande rouë de moulin avec ces ailes ; on donnera le premier mouvement à la rouë pour lever huit soufflets, & les autre huit seront dans une situation à respirer l'air ; les huit soufflets soufflant quelqu'uns plus fort l'un que l'autre, sur tout ceux qui se trouveront orizontalement ; ils porteront leur vent au centre, qui est le moyeu, où il y aura un boyau de cuir qui sortira de ce centre, & qui viendra juste sur les ailes de la rouë pour souffler & la faire tourner ; ainsi il faut peu de vent pour faire tourner une rouë en équilibre, & en tournant il y a toûjours la moitié des soufflets qui souffleront en revenant sur la situation orizontale & les autres remonteront le dessus pendant pour respirer l'air ; je compte que l'on pourra partager le vent, la moitié pour faire tourner ladite Machine, & l'autre moitié pour fare tourner une autre roüe utile à quelque chose, la matiere de cette machine est l'air qui se trouve par tout, même dans une chambre, étant bien fermée qu'elle soit, l'air circule toûjours ; comme j'espere d'y réüssir, je suis en état par moi-même, sans le secour d'aucun ouvrier, de l'executer. Mon adresse est au titre de ce Mémoire.

 

     Maniere pour faire une bonne Presse d'Imprimerie d'une grande justesse, que si on avoit manqué de toucher une feüille, on pourroit toucher & la retirer sans que la lettre double, comme il arrive souvent, sur tout aux Presses un peu vieilles, par les charnieres ou couplets ; la Presse est fort simple, & ne coûte pas tant à faire que celles que l'on se sert d'ordinaire.


     Il faut que les jumelles soient de bon bois de chêne ou noyer, tout autre bois n'est pas bon, ils auront dix pouces de largeur & trois d'épaisseur, les assemblages à l'ordinaire, le saumier aura cinq pouces d'épaisseur & dix de large comme les jumelles, le trein aussi à l'ordinaire, des bandes de fer, rondes bien limez en long, & polie pour le trein dormant, & sur le trein mouvant, en dessous, des crampons de cuivre rouge, forgez, qui seront creux, pour poser sur les bandes, parce que le cuivre rouge battu n'est pas sujet à casser comme le cuivre fondu ; c'est l'ordinaire des Machinistes de faire frotter le cuivre avec le fer pour la solidité ; pour le timpan, on peut le faire à l'ordinaire, mais au lieu de couplets ou charnieres qui coûtent assez cheres, il ne faut qu'une pointe d'un côté, comme celle d'un tour de Tourneur, & de l'autre une pointe à vis & une contre- écroüe, afin qu'il ne s'en retourne pas ; la pointe du côté de l'Imprimeur est attachée sur le trein, & l'autre de de l'autre côté, c'est-à-dire l'écroüe dont le vis entre dedans, à chaque coin, du bas du timpan, un morceau de cuivre rouge battu, enchassé & bien attaché , faire en sorte qu'ils fassent comme une équerre au tour du coin du chassis, pour tenir l'assemblage à raison, un petit trou presque au quart pour y loger les deux pointes ; en sorte que le timpan tournera sur ces deux pointes, au lieu qu'il tourne aux anciennes Presses sur des couplets qui s'usent, n'etant pas même facile de les ajuster quand ils sont usé, il faut de l'huile sans cesse où cela crie & est très-rude, au lieu que sur ces pointes, il n'en faut qu'une goute , & tourne très-legerement & s'il balotte, un tour de vis le remet ; on fait de même avec la frisquette, à l'égard du vis qui coûte beaucoup, on peut en faire un qui ne coûte pas tant, non plus que l'écrouë ; les filets du vis ont tous chacun leur frottement, ce qui fait que les presses sont plus rudes que celle que je décris, il faut souvent de l'huile ou elles sont très-rudes ; comme le bareau ne fait faire approchant qu'un tiers de tours au vis, il ne faut faire à cet autre, que l'on nomme vis, qu'un rebord triangulaire en forme d'un seul pas de vis, & au dessus un tourillon qui entrera dans une grenoüille de cuivre qui sera attachée au centre du saumier par dessous ; en sorte que le tourillon soit juste dans la grenoüille ; la grenoüille sera d'une piece ou de deux pour la resserrer par des vis quand l'arbre pourra balotter : ladite grenoüille sera en dessous en triangle comme l'arbre, pour suivre le triangle de l'arbre avec l'écrouë, la platine sera attaché après cedit arbre, non avec des cordes, après un quarré à l'ordinaire, mais avec une espece de croix de St, André en deux piéces, dans une gorge qui sera faite à l'arbre, où il y aura à chaque bout de la croix un trou & une baguette de fer à crochet, qui passera dans le trou, & accrochera la platine de cuivre aux aneaux qui y seront, & au dessus une écrouë à aile qui se montera au bout de la baguette pour tenir la platine ; les quatre baguettes seront toutes également perpendiculaires, en sorte qu'ils passeront dans la tablette à un pouce du bord, il y aura des grenoüilles ou gorges de cuivre en deux parties qui se serreront avec des vis, en cas qu'elle balotte ; les quatre baguettes seront d'égale grosseur & polies, pour glisser justes dans les grenoüilles, ce qui servira de boüette de bois, & sera très-juste & douce à tirer ; ce mouvement de Croix de S. André est à la maniere d'Hollande, pour les autres mouvemens, c'est de ma façon, il y a plus de huit ans que je m'en suis servi à Metz pour mes épreuves, & j'en ai donné le modéle à Mr. Degoin, Imprimeur, ruë de la Monnoye à Lyon, pour ce qui regarde le timpan & la frisquette, & au lieu de parchemin l'on met de la toile ou du satin qui est plus uni & dure très-long-tems





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