VOCABULAIRE EXPLICATIF

DES MOTS TECHNIQUES

DE L'ART DU FACTEUR D'ORGUES.




     ACCORD, ACCORDAGE. - Mettre les tuyaux d'un Orgue en accord. Pour cette opération, il faut que l'accordeur soit capable d'exécuter la partition musicale, de manière que les battements qu'on entend dans les intervalles d'une quinte soient partagés avec égalité proportionnelle dans toute l'étendue de l'octave employée pour la partition, et de mettre ensuite toutes les octaves en parfaite harmonie avec l'octave de la partition.

     ABRÉGÉ. - Partie du mécanisme qui est posée directement sous les sommiers. Elle est construite en forme de cadre, en bon bois de sapin, et à laquelle sont ajustés des rouleaux mobiles, entre des tourillons fixés sur le cadre : c'est la pièce principale qui forme la communication entre les touches et les soupapes dans l'intérieur des sommiers.

     ACCOUPLEMENT. - Mécanisme qui unit les touches d'un clavier à l'autre, de manière que lorsqu'on joue sur un seul, les touches des autres fonctionnent en même temps. Il y a différentes manières de construire ce mécanisme ; mais pour atteindre complètement le véritable but, il faut toujours qu'on puisse le faire fonctionner pendant le jeu, sans que l'organiste ait besoin de s'arrêter dans son jeu.

     ACCORDOIRS. - Instrument ou outil dont on se sert pour accorder les tuyaux. - Petite plaque en étain fixée au bout des tuyaux en bois, afin de pouvoir les accorder avec précision. Ces plaques sont indispensables pour le repassage de l'accord auquel chaque Orgue doit être nécessairement soumis de temps en temps, pour son entretien et sa conservation. On appelle aussi Accordoirs les fils de laiton placés devant les languettes des tuyaux à anche, et par le moyen desquels on peut accorder ces jeux.

     BARRES DES SOMMIERS. - Pièces de bois par lesquelles sont formées les gravures ou compartiments dans l'intérieur d'un sommier. On doit mettre la plus grande attention au choix des pièces, soit pour la qualité du bois, soit pour leur ajustage dans le cadre du sommier ; car, de la moindre négligence dans la construction de cette partie du sommier, il résulterait des inconvénients très-graves et même irréparables.

     BOURDON. - Jeu d'Orgue bouché qui produit un son égal à celui d'un autre jeu ouvert dont la longueur des tuyaux est double de celle des tuyaux d'un bourdon. Sous le nom de Bourdon, on comprend, en France, tous les jeux d'Orgues bouchés, nom qui ne devrait pas être appliqué à tous ces genres de jeux, parce qu'il y a de grandes différences dans les dimensions et le caractère du son de ces jeux, et par conséquent aussi dans l'effet qu'ils produisent. Il y a des jeux bouchés pour récit, pour grand Orgue ou premier clavier, pour positif, pour pédales ; des jeux bouchés qui produisent deux sons à la fois, c'est-à-dire le son fondamental et la quinte (ce jeu s'appelle, en Allemagne, Quintaton) ; et chacun de ces jeux bouchés doit être construit d'après un diapason spécial et conforme à la partie de l'Orgue pour laquelle il est destiné. Il est par conséquent impossible de distinguer tous ces jeux l'un de l'autre par la simple dénomination de Bourdon.

     BOUCHONS DES TUYAUX. - Ce sont des morceaux de bois carrés, garnis en peau, et qui servent à boucher l'extrémité supérieure des tuyaux des jeux en bois nommés bourdons. Ces pièces doivent être munies d'un manche, fixé dans leur centre, et être soigneusement ajustées aux tuyaux pour les fermer hermétiquement, sans quoi les tuyaux ne peuvent pas produire de son.

     BOUCHE. - L'espace qui est produit par l'écartement des lèvres d'un tuyau. La dimension de cette ouverture est la plus importante pour les tuyaux d'Orgues, par rapport à leur intonation, comme pour le caractère, la nuance et la promptitude de leurs sons.

     BOURSETTES. - Petites bourses en peau, à travers lesquelles passent les tirages accrochés aux soupapes, pour produire la communication entre ces dernières et les bras des rouleaux de l'abrégé. Aujourd'hui, les bourses en peau sont remplacées par un meilleur système, qui consiste à placer des bandes ou des rondelles en cuivre, au travers desquelles on fait passer les fils des tirages accrochés aux soupapes.

     BALANCIERS. - C'est un levier de la première classe, ou levier à bras double, appliqué dans le mécanisme de l'Orgue pour produire le mouvement des registres.

     BOITES DES EMBOUCHURES. - Les boîtes ou caisses dans lesquelles sont enfoncées les embouchures des jeux à anche. Ces boîtes doivent être solidement fixées sur les chappes des sommiers, sans cela, ces jeux ne peuvent jamais conserver ni l'accord ni l'intonation.

     CHAPPES. - La partie supérieure des sommiers qui est percée pour donner passage à l'air comprimé, afin qu'il puisse entrer dans les tuyaux placés sur cette partie. Le calcul précis de ces ouvertures de cette partie du sommier est de la plus grande importance pour le son de l'Orgue, attendu que c'est par là que chaque tuyau reçoit sa quantité de vent nécessaire et déterminée par ce calcul mathématique.

     DIAPASON. - Mesure, pour les diamètres, circonférences, etc., pour tous les tuyaux d'Orgues en métal et en bois. C'est par ces mesures que chaque jeu d'Orgue reçoit son caractère particulier ; c'est encore par le calcul exact de ces dimensions que l'on peut construire les jeux d'Orgue d'une manière favorable pour obtenir une égalité parfaite, soit pour la force, soit pour le caractère du son, dans toutes les octaves d'un jeu quelconque.

     EMBOUCHURE. - La pièce creuse en cuivre sur laquelle est fixée la languette d'un tuyau à anche. - L'endroit d'où sort l'air comprimé des pieds des tuyaux pour entrer dans leur corps, pour produire le mouvement et la vibration de la colonne d'air atmosphérique contenue dans ce corps ou cylindre qui forme le tuyau. Cette ouverture, en forme de fente étroite produite par l'écartement, entre le biseau et la lèvre inférieure d'un tuyau, s'appelle aussi la lumière.

     ENCAISSEMENT DES SOUPAPES DU SOMMIER. - Partie du sommier dans laquelle sont enfermées les soupapes. Cette caisse est fermée par des couvercles mobiles qu'on peut ouvrir à volonté pour pouvoir arriver aux soupapes. On peut considérer cette caisse comme réservoir du sommier, parce que c'est là que l'air comprimé entre dans les gravures du sommier pour alimenter les tuyaux.
     La dimension de cette partie du sommier dépend toujours du nombre et du diapason des jeux disposés pour le sommier. Il faut que son volume cubique à l'intérieur soit assez grand pour pouvoir contenir la quantité d'air nécessaire et déterminée par calcul, afin d'alimenter suffisamment les tuyaux.

     ÉVENTAIL. - Pièce qui produit la communication entre les touches et les soupapes. Elle est composée d'une forte traverse en bois dans les entailles de laquelle passent des lames en bois ou leviers à bras doubles. Ce genre de mécanisme n'est pas applicable à de grandes Orgues, à cause de sa construction et de sa forme qui produit des frottements considérables par un mouvement dénaturé qui s'opère contre toutes les lois de la mécanique. C'est pourquoi il n'en est nullement question dans la révision, comme étant une pièce totalement supprimée dans la construction des Orgues du système allemand.

     FOURNITURE OU PLEIN-JEU. - Jeu d'Orgue composé de plusieurs tuyaux pour chaque note. Ce jeu a pour but d'augmenter la force, l'éclat et la vivacité du son de l'Orgue. Pour atteindre ce but, il faut que le mélange soit calculé, en sorte qu'on ne puisse presque pas entendre les répétitions, et que les tuyaux des dernières notes de l'octave aiguë ne surpassent pas la dimension de l'octave de 2 pieds, dite Doublette.

     FAUX-REGISTRE. - Liteaux ou règles en bois de chêne placés sur la table du sommier, et qui forment des coulisses entre lesquelles sont placés les registres mobiles, afin de pouvoir ouvrir ou fermer les jeux à volonté par leur mouvement.

     FLIPOTS DES GRAVURES. - Petits liteaux très-minces par lesquels se trouvent bouchées les gravures du sommier.

     FAUX-SOMMIERS. - Petites planches fixées sur les chappes du sommier, au moyen de petits supports de 6 à 8 pouces de longueur. Les tuyaux sont ajustés dans ces planches, afin qu'ils puissent les tenir perpendiculairement sur le sommier.

     GOSIER DU SOUFFLET. - Caisse qui se trouve à l'extrémité du soufflet, et dans laquelle sont placées des soupapes : c'est par là que sort l'air comprimé du soufflet pour entrer dans le grand porte-vent.

     INTONATION. - Elle fait parler les tuyaux d'Orgues et les met dans un état tel, qu'ils puissent produire le son avec promptitude.

     LANGUETTES. - Lames en cuivre fixées sur les embouchures des jeux à anche, et par la vibration desquelles se produit le son. La hauteur ou la gravité du son dépend de leur longueur et de leur épaisseur, et par conséquent de la plus ou moins grande rapidité de leur vibration ; la force et le caractère de ces jeux dépendent de la largeur des languettes, de la forme du corps posé sur l'embouchure, et de leur alimentation.

     MONTRE. - Jeu principal de l'Orgue, dont une partie des tuyaux est toujours placée dans la façade du buffet.

     OUVERTURES DES GRAVURES. - Les ouvertures qui sont fermées par les soupapes dans le réservoir du sommier. En appuyant les doigts sur les touches du clavier, les soupapes s'ouvrent et laissent pénétrer l'air comprimé par ses ouvertures dans l'intérieur des gravures.
     Le calcul exact de la grandeur de ces ouvertures, est de la plus haute importance pour la promptitude et la force du son de l'instrument.

     PORTE-VENT. - Conduits par lesquels l'air comprimé est transmis de la soufflerie aux sommiers.
     Les tuyaux ou cylindres en plomb, fixés sur la chappe du sommier pour conduire l'air dans les tuyaux de la montre, placés dans la façade.

     REGISTRES. - Règles ou lames de bois de chêne, qui se trouvent placées entre les chappes et la table du sommier. Ces lames sont mobiles et servent à ouvrir ou fermer les ouvertures percées dans le sommier, en les enfonçant ou les retirant par le moyen d'un mécanisme qui communique avec les boutons des registres placés à côté des claviers.

     SOUFFLETS. - Appareil par lequel l'air atmosphérique est aspiré et comprimé à un point suffisant pour produire le son dans les tuyaux des Orgues. On a construit des souffleries de différentes manières. Il y a des soufflets simples et à un seul pli, des soufflets à plusieurs plis, qui s'ouvrent à trois côtés formant un angle plus ou moins aigu, ou qui s'ouvrent parallèlement ; cette sorte de soufflets parallèles, ordinairement à deux plis, est appliquée aux Orgues presque généralement en France.
     Ils ont reçu le nom de grand réservoir : ces réservoirs sont alimentés ou remplis avec de l'air comprimé par des pompes mises en action par des leviers, ou par un engrenage à manivelle. Il est hors de doute que jamais personne n'est capable d'exécuter une intonation solide, et un accord parfait dans les jeux d'un Orgue muni d'une soufflerie qui fournit de l'air comprimé dont le degré de compression varie à chaque instant.
     Il faut donc que la compression de l'air dans un Orgue soit invariable ; que son degré soit constamment le même ; que l'air n'éprouve pas la moindre secousse. Il est encore évident, que pour soulever un poids, il faut que la force ou le contre-poids soit supérieur ou plus fort que le poids qu'il doit soulever ; l'air contenu, par exemple, dans un réservoir de 8 pieds de longueur sur 4 pieds de largeur, se trouve comprimé à 36 degrés par un poids pesant environ 300 kilogrammes ; il faut donc que l'air qui est refoulé dans le réservoir par les pompes soit d'une pression plus forte au moins de quelques degrés que celui qui sort du réservoir pour alimenter les tuyaux, autrement il serait de toute impossibilité que cet air refoulé par les pompes puisse soulever un poids de 300 kilogrammes ; par conséquent, chaque mouvement des pompes devient naturellement très-sensible au son de l'Orgue, et l'on peut s'en convaincre par l'épreuve du pèse-vent. En Allemagne, on a employé tous les moyens possibles pour la simplification des souffleries d'Orgues, mais on est généralement convaincu que, pour obtenir de bons résultats, il n'en existe pas d'autres aujourd'hui, que celui de l'application de plusieurs soufflets construits à un seul pli, s'ouvrant à trois côtés ou parallèlement, et sans pompes.

     TABLE DU SOMMIER ou TABLE FONDAMENTALE. - Table en bois de chêne, collée et clouée sur le cadre et les barres du sommier pour couvrir les gravures, et formant le fond des registres et des faux-registres.

     VERGETTES. - Liteaux très-minces en bois de sapin bien choisi, de 4 lignes de largeur et 1 ligne d'épaisseur, qui servent à établir la communication entre les touches des claviers et l'abrégé, ainsi que celle entre ce dernier et les soupapes des sommiers.





FIN.





 
CHATILLON, IMP. DU CORNILLAC







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