DEPUIS quelques années, l'on voit de plus en plus s'accroître l'usage des Orgues dans les églises de France, et néanmoins, le progrès de l'industrie qui produit cet instrument magnifique et grandiose dans son harmonie, lequel, sous une main tant soit peu exercée, ajoute une si grande pompe aux cérémonies religieuses, est bien loin encore d'atteindre celui qui existe en ce genre en Allemagne et en Italie, où la presque généralité des églises, depuis les primatiales jusqu'aux plus petites succursales, jouissent de l'avantage de posséder un Orgue.
Plusieurs années d'expériences sur la manière dont on exécute ces instruments en France, m'ont convaincu des motifs légitimes qui font réfléchir les administrateurs des fabriques, soit sur l'incertitude d'acquérir un Orgue parfait, soit sur les dépenses plus ou moins élevées qu'entraîne cet instrument, qui, presque toujours, devient onéreux par son entretien après avoir fonctionné quelque temps.
Ces inconvénients ont lieu en effet, et sont irréparables chaque fois et toujours, lorsqu'un facteur d'Orgues n'a pas suivi consciencieusement toutes les lois et les bases positives de la seule et unique théorie du célèbre M. TOEPFER, à qui je me plais à rendre ici hommage, non-seulement comme premier auteur émérite de l'art du facteur d'Orgues, mais encore comme excellent praticien-modèle d'Allemagne. Je crois, Messieurs, avoir atteint, par l'extrait de sa méthode inconnue en France, le but que je me suis proposé, celui de détruire toutes les préventions qui arrêtent le progrès de cette industrie en France, en remettant dans vos mains la clef d'une Révision complète pour reconnaître la perfection ou les défauts de l'Orgue sans avoir recours à aucune expertise, pour vous rendre un compte exact de l'exécution des engagements pris par le facteur. Pour faciliter davantage l'intelligence des expressions de l'art, j'ai mis à la fin de l'ouvrage un vocabulaire des mots techniques, avec leur application, par ordre alphabétique. J'ai la conviction que l'on saura apprécier l'abnégation avec laquelle je me soumettrai moi-même, pour tous mes ouvrages, à la critique et aux sévères examens que j'expose dans cet Opuscule.