SOMMIERS.
IL est nécessaire d'ouvrir les encaissements des soupapes de tous les sommiers pour vérifier :
(A) Si la position des caisses peut permettre d'arriver sans difficulté à leur ouverture, ou si pour cela il est nécessaire de démonter d'autres parties de l'instrument ; et lors même que ce dernier cas aurait lieu, il serait quelquefois excusable, eu égard à la localité souvent défavorable pour la disposition de l'Orgue.
(B) Il faut remarquer si les ressorts des soupapes sont faits en bon fil de laiton et à double tour.
Pour juger de leur suffisante élasticité, on les force en ouvrant les soupapes dans toute leur ouverture c'est un bon moyen de reconnaître si dans la tension, ils conservent toute leur force élastique.
(C) Si, après cette épreuve, les ressorts, qui doivent être à crochets arrondis pour avoir un jeu libre dans les trous des guides et des soupapes, subissent quelque affaiblissement dans leur force élastique, et qu'ils ne puissent plus repousser la soupape jusqu'à sa fermeture complète, il faut qu'ils soient totalement remplacés par d'autres d'une meilleure confection.
(D) Il faut examiner, par la simple inspection, si les soupapes, vues de front, sont confectionnées avec du bois de fil en sapin bien choisi, et pris sur la coupe qui représente ses veines les plus fines, et en situation perpendiculaire ; car c'est sur cette qualité de bois que la température a le moins d'influence. Il faut également vérifier si la garniture des soupapes est en peau suffisamment doublée ; car dans le cas où l'on aurait employé de la peau faible, il faudrait qu'elle fût triplée.
(E) Il y a à observer si les plaques en cuivre (improprement appelées Boursettes), sont bien ajustées et percées perpendiculairement en dessous des soupapes, pour que le fil de tirage puisse fonctionner librement.
2o C'est avec une attention particulière qu'il faut examiner si, dans les flipots et les grands cadres des sommiers, il n'existe pas quelques petits trous ou ouvertures destinés à cacher les négligences du facteur dans leur construction.
C'est trous ou ouvertures sont souvent pratiqués par l'ouvrier peu consciencieux dans son travail, afin de cacher les emprunts des sommiers, mais au détriment de la dépense de vent de la soufflerie. Il est donc urgent de faire de suite boucher ces trous ou ouvertures ; car sans cette précaution, il pourrait résulter de graves défauts, qui resteraient ignorés au lieu de paraître dans leur évidence.
3o Il y a à examiner rigoureusement de combien de degrés la pression d'air diminue dans les gravures des sommiers au moment où tous les jeux de ces mêmes sommiers que l'on vérifie sont en action ; à cet effet, l'on perce un petit trou dans une des gravures qui s'est déjà fait remarquer par l'affaiblissement du vent, soit au travers du cadre du sommier, soit dans le flipot, mais toujours sur le côté opposé de la soupape. Dans ce trou, l'on applique le pèse-vent, et après avoir mis en mouvement la soufflerie, en tenant abaissée la touche qui appartient à cette gravure, en tenant en même temps fermés tous les registres, on remarque le degré indiqué par le pèse-vent, qui doit être le même qui a été remarqué près des gosiers des soufflets.
Après cela, on ouvre tous les jeux placés sur le sommier, et l'on observe attentivement jusqu'à quel degré a lieu l'abaissement de la colonne d'eau du pèse-vent.
Si la descente de la colonne d'eau sur une gravure de la première octave dépasse 5 degrés, ou si dans la gravure de l'Ut du milieu elle dépasse plus de 2 degrés, alors les gravures du sommier en général sont à considérer comme un ouvrage manqué. Mais comme la soupape peut aussi contribuer à cet abaissement de degré, on doit ouvrir la soupape autant que possible au moyen de la vergette, et remarquer de nouveau si la colonne d'eau subit une ascension de degré, et de combien. Par là, on pourra très-clairement s'assurer à laquelle des trois parties doit être attribuée la véritable source du défaut, c'est-à-dire si la faute est occasionnée par les gravures seules, ou par les gravures et les porte-vent, ou par les soupapes seules, ou encore par les soupapes et les gravures réunies, ou enfin par la réunion des trois parties ensemble.
Dans le cas où le défaut provient seulement des gravures, l'on ne peut y remédier que par de nouveaux sommiers.
Mais si la faute est occasionnée, entièrement ou en partie, par les soupapes, alors le remède serait plus facilement apporté par des soupapes plus longues.
Après cette épreuve, on fait toucher sur le premier clavier, tous les autres étant accouplés, et l'on accompagne en même temps sur la pédale le même accord qu'on a employé pour toutes les épreuves précitées, et qui se compose des notes suivantes :
CLAVIER DU GRAND ORGUE. |
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Main gauche. | Main droite. |
C Eb F# A | C Eb F# A C |
PÉDALES. |
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Pied gauche. | Pied droit. |
C Eb | C Eb |
afin de bien conserver et remarquer à quel degré la pression d'air se fixe au pèse-vent (bien entendu que le pèse-vent doit être appliqué à l'une des gravures appartenant à ces accords).
Cet essai est enfin le plus concluant ; car par ce moyen l'on peut apprécier si la soufflerie est suffisamment puissante, et si les sommiers sont bien combinés dans leurs dimensions pour alimenter convenablement les tuyaux de l'Orgue.
4o Il faut encore examiner si les sommiers sont réellement confectionnés en entier avec la qualité du bois qui a été convenu et fixé par le devis, ou s'il n'y en a qu'une partie en bois convenu ; car il peut se trouver parfois que la principale partie, qui est l'encadrement des sommiers formant les gravures, ne présente que l'apparence des matériaux convenus, étant tout simplement en sapin et plaquée en bois dur. Pour sortir de ce doute, il n'y a qu'à porter son attention sur la jointure aux angles des sommiers, et à enlever une petite partie de la tapisserie ou de la couleur qui recouvre ordinairement le dessous des sommiers, et l'on reconnaîtra si les barres qui se trouvent dans leur intérieur ont été confectionnées avec les matériaux convenus. Par cette épreuve, l'on jugera du mérite de l'artiste consciencieux dans l'exécution de son travail.