[p. xx.]

 

S E C T I O N   S E C O N D E.

Analyse de cet Ouvrage.


TOUT cet Ouvrage est divisé en quatre Parties. Dans la premiere, on fait connoître l'Orgue à fond. Dans la seconde, on enseigne à le construire. Dans la troisieme, on instruit les Organistes de tout ce qui peut être de leur compétence, par rapport à la Facture de l'Orgue : & dans la quatrieme, on traite des différentes espèces de petites Orgues. On va détailler un peu plus le contenu de ce Traité, pour en donner une idée.


P R E M I E R E   P A R T I E.


     LA premiere Partie contient six Chapitres. Le premier n'est qu'un petit Traité de Mécanique, tel qu'on l'a cru convenir à de simples Ouvriers apprentis, qu'on a toujours eu en vue ; les Maîtres n'en ont pas besoin. On a sur-tout expliqué les trois genres de levier ; les leviers contigus, la direction des forces ; & enfin, on y fait connoître la nature des poulies : tout cela étant d'un usage continuel dans la mécanique de l'Orgue.

     On trouvera dans le Chapitre second, quelques notions de la Menuiserie ; on en indique fort succinctement les principaux assemblages, & on donne la construction de plusieurs figures de Géométrie-Pratique.

     On décrit dans le Chapitre troisieme, les outils nécessaires au Facteur d'Orgues, & on y apprendra à fabriquer soi-même ceux qu'il n'est pas facile de se procurer chez les Marchands ou chez des Ouvriers.

     Dans le Chapitre quatrieme, on fait connoître tous les jeux de l'Orgue, tels qu'ils sont en usage en France : tous les jeux à bouche, ouverts ; ceux qui sont bouchés & à cheminée, à fuseau ; les jeux de fond & de mutation ; les jeux simples & les jeux composés ; ceux [p. xxj.] qui ne sont que pour les basses, & d'autres qui sont pour les dessus seulement. On décrit ensuite les jeux d'anche dans le plus grand détail.

     Dans le Chapitre cinquieme, on donne les diapasons de tous les jeux de l'Orgue, c'est-à-dire, les dimensions de tous les tuyaux de chaque jeu en particulier, tant des jeux à bouche que des jeux d'anche. Celui de la trompette est de M. Cliquot, Facteur d'Orgues du Roi, à Paris.

     Le Chapitre sixieme, contient la description particuliere de chaque piece qui entre dans la composition de l'Orgue ; comme des buffets d'Orgue, des sommiers de différente espece, des pieces gravées, des petits porte-vents pour les tuyaux postés ; des claviers, soit à la main, soit de pédales ; des abrégés, de leurs tirages, avec ceux qui conviennent au positif ; de tous les mouvements ; des tirants de plusieurs especes ; des balanciers, des enfourchements, des bascules ; des deux tremblants ; de la soufflerie ; des grands porte-vents ; & enfin, de tout l'ensemble du mécanisme & des tuyaux, avec la disposition de toutes ces pieces. On explique comment toutes ces pieces sont disposées, arrangées, posées pour remplir comme il faut leurs différentes fonctions. Comment on dispose le récit, l'écho, les pédales, le positif, &c. Là se termine la premiere Partie.

 

S E C O N D E   P A R T I E.


     CETTE seconde Partie embrasse dans le plus grand détail, la fabrication de toutes les parties de l'Orgue dont on a donné la connoissance dans la premiere Partie : elle est divisée en onze Chapitres. Le premier contient des avis à ceux qui veulent faire construire des Orgues ; aux Architectes & aux Menuisiers, relativement à un buffet d'Orgue. On y fait connoître les principales proportions des tourelles suivant la grandeur de l'Orgue qu'on veut construire : comment il faut poser & arrêter solidement le buffet.

     Dans le second Chapitre, on enseigne tous les procédés nécessaires pour construire un grand sommier : quelles proportions sur-tout on doit y observer ; quelles précautions il faut prendre pour qu'il ne s'y trouve aucun des défauts qui s'y rencontrent assez souvent, comme des emprunts, des cornements, des altérations, &c. On y fait remarquer [p. xxij.] les regles pour les largeurs & la profondeur des gravures, les longueurs des soupapes, les largeurs des registres, les grandeurs de tous les trous ; on fait voir comment il faut construire le sommier du positif, du récit, de l'écho, des pédales. On y traite en particulier d'un sommier de pédale à 18 jeux. On fait ensuite sur tous ces sommiers des réflexions qui contribueront à une plus ample instruction pour apprendre à travailler par principes. On y enseigne aussi à construire d'autres sommiers pour différentes Orgues. Pour un 32 pieds, pour un grand & un petit 16 pieds, un grand & un petit 8 pieds, & enfin pour un 4 pieds. On donne les regles de sommier pour toutes ces Orgues.

     On trouvera dans le Chapitre troisieme, la construction des claviers à la main, des abrégés, des tirants, des tournants & des balanciers. On y explique d'abord comment se fait la division des touches d'un clavier à la main ; comment on en fait le panneau ; comment on l'ajuste dans son chassis ; comment on en scie les touches. On donne des regles pour la construction du chassis, & pour déterminer avec le plus d'avantage le point de suspension. Lorsqu'il y a plusieurs claviers, le détail de la fabrication se multiplie, non-seulement en raison du nombre des claviers, mais encore par toutes les opérations qu'on est obligé de faire de plus pour les faire jouer & convenir ensemble. On trouvera aussi dans ce Chapitre, la maniere de fabriquer tout ce qui concerne le clavier de pédale. On y décrit tout ce qu'il faut observer pour faire les abrégés & leurs tirages ; & pour la construction des tirants, des tournants & des balanciers.

     Dans le Chapitre quatrieme, on traite de la construction des soufflets, ce qui demande un grand nombre d'opérations. On donne un nombre de regles pour trouver les grosseurs des grands porte-vents, à proportion de la grandeur de l'Orgue, du nombre & de la qualité des jeux qui doivent y entrer. Un soufflet bien fait est un ouvrage considérable. La construction des tables ; la maniere de mettre les charnieres de cordes ; celle de couper la peau ou le cuir, le coller proprement & solidement ; coller le parchemin ; monter le soufflet ; y appliquer les brides & les rabats, les pieces, les coins, les aines ; donner les proportions convenables aux soupapes ; les garnir &c. voilà une partie du détail qu'il faut suivre dans ce travail : on y trouvera le tout expliqué.

     [p. xxiij.] On décrit dans le Chapitre cinquieme, la construction des tuyaux de bois : la maniere d'en bien faire les joints, d'en faire les pieds, les biseaux, de les emboucher, d'en faire les tampons.

     Le Chapitre sixieme, contient la maniere de connoître le degré de finesse de l'étain ; de le fondre aussi bien que le plomb, ou pour mieux dire, l'étoffe (dont on donne la composition) pour en faire les tuyaux de l'intérieur de l'Orgue. On décrit la forme du fourneau ; quatre manieres de construire la table à fondre & de la garnir ; deux manieres de couler les tables d'étain & d'étoffe.

     On trouvera dans le Chapitre septieme, la maniere de faire les tuyaux d'une montre d'Orgue, ce qui exige un assez grand nombre d'opérations ; il faut faire le plan & la distribution des tuyaux, selon la grandeur & la disposition du buffet qu'on se propose de remplir. Il faut préparer les tables d'étain, & les forger : on donne deux manieres de faire cette opération, l'une à la main, & c'est l'ancienne méthode ; l'autre au moyen d'une machine, avec laquelle un seul homme avance plus en un jour, que dans huit selon l'ancienne méthode, & même l'ouvrage se trouve mieux fait : ensuite on dresse les tables[,] on les lisse, on les rabote, on les polit & on les brunit ; enfin, on fait les tuyaux, c'est-à-dire, qu'on les taille, on les roule, on les soude, on releve les écussons, on embouche les tuyaux & on leur donne le lustre. Telles sont les opérations qui sont amplement détaillées dans ce Chapitre.

     Dans le huitieme, on enseigne à construire tous les tuyaux d'étain & d'étoffe qui sont destinés à remplir l'intérieur de l'Orgue, & premierement les tuyaux à bouche. On explique comment il faut tailler les tuyaux avec leurs pieds : après cela vient la maniere de les ajuster ensemble, de leur marquer la bouche avec le trace-bouche ; de rouler les tuyaux, de les préparer pour les souder : la composition des différentes soudures ; enfin, de les souder & de les emboucher : la maniere de tailler les tuyaux à fuseau, ceux à cheminée, & les coniques : les méthodes pour faire avec diligence, sans courir le risque de se tromper, les tuyaux de fourniture & de cymbale. On entre ensuite dans la description de tout ce qui concerne les jeux d'anche : leurs différentes formes ; la maniere de les tailler, de les rouler sur des moules qui leur sont propres ; de faire les anches, les languettes, les rasettes, &c. [et] de poser le tout ; de faire les noyaux [p. xxiv.] selon leurs différents numéros ; les faux noyaux ou bagues ; enfin, de faire leurs pieds conformes aux différents numéros des noyaux, &c.

     Le neuvieme Chapitre renferme la maniere de monter, de poser toutes les machines qu'on a enseigné à fabriquer dans les Chapitres précédents, avec tous les tuyaux, c'est-à-dire, de monter tout l'Instrument. Ce Chapitre, qui est nécessairement le plus long de tous, est divisé en sept sections. Dans la premiere, on fait voir comment il faut poser une soufflerie, avec tout ce qui l'accompagne. Dans la seconde, on enseigne à poser le grand sommier avec tous les autres sommiers. Dans la troisieme, on verra la maniere de faire la distribution du vent de la soufflerie à chaque sommier en particulier ; dans quels cas on doit séparer les vents. Il s'agit dans la quatrieme de poser les abrégés, les claviers, &c. [et] de faire jouer le tout. Dans la cinquieme, comment on doit disposer & faire tous les supports & autres pieces nécessaires, pour faire jouer facilement & avec justesse toutes les différentes especes des registres. Dans la sixieme, on enseigne à poser les tuyaux de la montre ; les différentes manieres d'attacher & d'en soutenir les plus grands pour qu'ils soient solides dans leur place ; les différentes proportions des porte-vents, pour y amener le vent ; comment on poste tous les tuyaux qui doivent être postés. Dans la septieme enfin, on explique comment il faut poser tous les autres tuyaux dans l'intérieur de l'Orgue. Il est aisé de sentir que tout le contenu de ce Chapitre, dont on vient de donner une légere idée, demande un immense détail dans lequel on a tâché de ne rien oublier d'essentiel.

     Dans le Chapitre dixieme, on explique la maniere de faire parler les tuyaux à bouche, de les couper en ton ; de faire la partition, de donner la qualité d'harmonie convenable, & d'en égaliser les sons. On explique aussi comment on fait les mêmes opérations sur les jeux d'anche, qui se traitent tout différemment. Lorsqu'on travaille sur tous ces tuyaux, il survient bien des défauts dans leur son ; les uns sont tardifs à parler, les autres sont trop prompts ; ceux-ci piaulent, ceux-là octavient ; d'autres sont sourds & d'autres sont criards : tantôt ils ont le son trop foible, & tantôt ils l'ont trop fort. On a tâché de rendre sensibles les moyens de pratique propres à remédier à tous ces inconvénients, comme de faire bien parler les tuyaux, de les égaliser d'harmonie & de force ; enfin, la maniere d'accorder tout l'Instrument comme il faut.

     [p. xxv.] On enseigne dans le Chapitre onzieme, la maniere de relever un Orgue, de le réparer s'il est nécessaire, & d'y faire des augmentations si on le désire. On y traite de l'entretien des Orgues. On donne le prix à peu près de chacune des différentes pieces, machines & jeux qui composent l'Orgue. Enfin, on termine cette seconde Partie, par la description du fameux Orgue de l'Abbaye de Wingarthen [sic] en Allemagne ; après quoi viennent quelques réflexions sur les Orgues sans tuyaux apparents, dont on donne une idée dans la Planche 79.

 

T R O I S I E M E   P A R T I E.


     CETTE troisieme Partie ne regarde que les Organistes : elle contient des instructions pour tout ce qui peut être de leur compétence, par rapport à la facture de l'Orgue, contenues en quatre Chapitres. Dans le premier, on trouvera un nombre de Devis d'Orgue, dont un est mis en forme juridique, pour faire voir comment on fait un devis & marché avec un Facteur d'Orgue. Les Organistes sont le plus souvent consultés sur cet objet, principalement dans les Provinces.

     Ils sont encore presque toujours chargés aussi dans les Provinces, de faire des vérifications d'Orgues : on trouvera dans le Chapitre second, la maniere de la faire, & un modele du procès-verbal qu'on doit dresser de cette vérification.

     On trouvera dans le Chapitre troisieme, toutes les instructions nécessaires à un Organiste adroit & intelligent, pour le petit entretien de l'Orgue, qui demande beaucoup de prudence & de discrétion. On entre dans le détail des inconvénients & des défauts qui peuvent survenir à un Orgue ; on y donne les moyens d'y remédier.

     Le Chapitre quatrieme contient environ 50 mélanges des jeux, tels que les pratiquent les plus célebres Organistes de Paris, que j'ai consultés à cet effet. Je ne prétends pas avoir rapporté tous ceux qu'on peut faire : chaque Organiste habile & qui a du goût, en imagine un bon nombre d'autres, qui ne sont ni moins harmonieux ni moins réguliers. On ne fait qu'indiquer les plus ordinaires & ceux qui sont le plus en usage.

 

Q U A T R I E M E   P A R T I E.


     CETTE derniere Partie n'étoit pas entrée dans le plan de mon [p. xxvj.] ouvrage lorsque j'ai entrepris ce Traité. J'avois pensé jusqu'alors que l'Académie Royale des Sciences, qui m'avoit fait l'honneur de me charger de cet Ouvrage, ne demandoit de moi qu'un Traité sur les Orgues d'Eglise ; mais des personnages illustres de la même Académie, aux lumieres desquels je dois déférer, m'ont engagé à y ajouter cette quatrieme Partie, qui contient sept Chapitres. Il s'y agit des Orgues de concert & des petites Orgues de plusieurs especes, avec l'organisation de quelques autres Instruments. Voici une idée de l'ordre que j'y ai suivi.

     Le Chapitre premier contient la description & les devis des Orgues propres pour des grands & des petits concerts : on en donne de six espèces.

     On décrit dans le Chapitre second, les Orgues en table, de deux espèces ; l'une simple à un seul jeu, & l'autre à deux jeux.

     Dans le Chapitre troisieme, on traite des Orgues à cylindre. On y décrit d'abord la Serinette ordinaire ; ensuite celle qui joue d'elle même, par un rouage à ressort ou à poids ; d'autres Orgues plus considérables à manivelle. On décrit un grand Orgue d'Eglise, jouant par un cylindre & une manivelle : à cet effet, on enseigne la maniere de construire un grand & gros cylindre, avec celle de le gouverner avec facilité. On explique comment on peut faire jouer par un cylindre, un grand Orgue d'Eglise déja construit à l'ordinaire, en lui conservant la faculté de pouvoir être joué avec les claviers par un Organiste.

     On trouvera dans le quatrieme Chapitre, une ample explication sur le notage des cylindres d'Orgue. C'est le Pere Engramelle, Religieux Augustin de la Reine Marguerite, qui a bien voulu, par zele pour le bien public, & à ma sollicitation, se charger de composer lui-même, tout ce que je donne sur cette matiere. Ayant reconnu qu'il possede l'Art de noter le cylindre dans un degré supérieur, je n'ai pas cru pouvoir y faire le moindre changement : il en a même dirigé toutes les gravures.

     Le cinquieme Chapitre contient la description du Forte-piano, & celle de son organisation.

     On verra dans le Chapitre sixieme, l'organisation du Clavecin ; & dans le septieme, celle de la Vielle.





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